Cet égoïste d’Ignace

Cet égoïste d’Ignace

Cela vous paraîtra peut-être incroyable : Ignace Lapin n’avait aucun ami ! C’est pourtant simple, il n’avait jamais rien voulu partager.

Lorsqu’il trouvait des légumes dans les potagers, il les gardait pour lui. Aussi, on l’appelait « cet égoïste d’Ignace » !

Noël arriva. Pour la première fois de sa vie, Ignace Lapin se mit à réfléchir. Il se sentait devenir vieux. Les poils de sa moustache avaient blanchi. La semaine précédente, il avait même perdu une dent de devant: « Je m’en rends bien compte à présent, j’ai passé mon temps à entasser de la nourriture dans mon grenier, se disait-il. Ah ! Si seulement je m’étais fait de bons amis ! Mais non, j’étais trop occupé à penser à moi ! « 

Ignace Lapin fit quelques pas dehors. Courbé sur sa canne, il pleurait tout doucement.

Frrt ! Frrt ! Un petit rat des champs emmitouflé jusqu’aux oreilles passa en sautillant.

« Saperlipopette ! Pleurer un soir de Noël, il faut le faire ! » s’étonna-t-il.

Ignace renifla :

« Mais c’est que j’ai des raisons de pleurer ! Vous n’avez jamais entendu parler de moi ? Je suis « cet égoïste d’Ignace » ! Personne ne vient me voir et personne ne m’aime ! Waouh ! « 

Il sanglota de plus belle.

« Taratata ! ricana le petit rat. Au lieu de vous lamenter, partagez ce que vous possédez. Vous verrez, les autres viendront vers vous. »

Frrt ! Frrt ! Le petit rat des champs se hâta sur la neige molle :

« Excusez-moi, je suis pressé. Ma femme et mes enfants m’attendent pour décorer l’arbre de Noël. »

Ignace Lapin s’affaira dans sa cuisine. Puis il mit son gilet de soie et sa culotte bouffante, il planta un sapin à l’entrée du terrier, il y suspendit de jolis cadeaux et écrivit sur une pancarte :

« Voulez-vous passer Noël avec moi ? J’ai préparé un bon repas. « 

Ignace Lapin n’attendit pas longtemps.

Floc ! Floc ! Traînant ses bottes de neige, une fourmi vint à passer par là. Elle vit la pancarte, mit ses lunettes, lut le message et n’en crut pas ses yeux.

« Bonsoir, monsieur Lapin. C’est bien vrai, je peux entrer ? Il fait si froid dehors et je suis seule pour Noël.

-Entrez, mais entrez donc !  » s’écria Ignace, tout content.

La fourmi fit sécher ses petites bottes au coin du feu.

Quelques instants plus tard, une souris vint à passer par là. Elle vit la pancarte, mit ses lunettes , lut le message et n’en crut pas ses yeux.

« Bonsoir, monsieur Lapin. C’est bien vrai, je peux entrer ? Il fait si froid dehors et je suis seule pour Noël.

-Entrez, mais entrez donc !  » s’écria Ignace, tout content.

La souris fit sécher son bonnet de dentelle sur une chaise, au coin du feu.

La tempête se leva… Les flocons de neige voltigeaient comme des morceaux de coton. Le vent d’hiver hurlait hou ! hou!

« On n’y voit pas à un mètre. Je suis sûr que plus personne ne viendra maintenant ! » déclara Ignace Lapin en fermant la porte de son terrier.

Juste à ce moment-là, toc ! toc ! toc ! un pauvre corbeau couvert de neige des pattes jusqu’aux yeux frappa à la porte. Il s’assit au coin du feu et mit sa pèlerine à sécher à côté des bottes de la fourmi et du bonnet de la souris.

Ignace Lapin sifflotait dans sa cuisine  » A table ! » annonça-t-il.

 Ils mangèrent de bon appétit. Ignace Lapin alluma sa vieille radio. Il valsa avec la souris. La fourmi sauta sur l’aile du corbeau et ils dansèrent jusqu’à minuit.

Ignace distribua ses cadeaux. Il offrit des souliers vernis à la fourmi, un paletot gris à la souris et un harmonica au corbeau.

Les quatre amis étaient heureux. « Hier encore, on m’appelait Ignace l’égoïste et c’était mérité ! murmura le lapin.

-Dorénavant, on vous appellera Ignace le gentil. Vous aurez plein d’amis, voilà tout !Répondit la fourmi.

Tenez, je vais vous tricoter un joli cache-nez. Le vôtre est tout mité décida la fourmi.

Il y aura bals tous les soirs devant votre terrier » ajouta le corbeau.

A dater de ce jour, Ignace Lapin ne compta plus ses amis.

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